Veille noir et blanc.
C’est aussi primaire que ça.
Je viens de tomber sur cette image. Cori Gauff a battu Venus Williams et l’article titre : Tennis : avec Cori Gauff, la précocité fait son come-back à Wimbledon.
Devant mes yeux, pas de précocité. La première chose que je vois en regardant cette photo c’est une jeune fille noire, extatique, et derrière elle un public blanc, tout aussi extatique. Et fier même ? C’est ma seule observation à vrai dire, suivie d’une émotion venant de loin, résiduelle (sédimentée ?), qui colle la joie à une fatigue profonde. Une sorte de soulagement.
J’ai longtemps été à l’affut du moindre rapprochement entre noir et blanc. Dans mon monde pas afro-américain mais afro tout court dans un milieu blanc, pas un film, pas une série, pas une image, pas un clip sans voir tout blanc ou tout noir. J’avais soif de quelque chose qui viendrait escamoter tout ça pour me proposer autre chose. C’est si compliqué ? Et puis il y a eu des soubresauts, Jungle Fever et ce clip de Madonna (une blanche et un Jésus noir quoi, du lourd dans la pop culture blanche !), regardé une fois, deux fois, plein de fois. À chaque fois pouf pouf pouf les alvéoles s'ouvraient pour laisser passer l’air, l’eau. Désaltérée. A tout bu :).
Ce que ça me fait des années après ? Soudain j’ai 15 ans et l’envie d’être une bête au tennis. C’est ça que ça vient augmenter. L’horizon encore et toujours.
J’ai demandé à côté de moi tu vois quoi ? Une ado de 15 ans extatique après avoir gagné son match, contre son modèle, et ça, ça doit pas être simple. C'est tout ce que tu vois, vraiment ?? Quel privilège, et espoir je me demande, de pouvoir et de choisir de voir ces choses sur un même plan, voire sur un autre plan.
Cori Gauff vient de saisir un témoin que lui passe Venus Williams. Et c’est énorme. Merci Venus. Au même temps, je ne voudrais pas être dans ta tête là, quand quelque part c’est fait et ce n’est plus à faire.