Veille oui, d’accord, ok, j’ai compris, j’accepte.
La loi RGPD a généré de drôles de formulaires de consentement. Je m’intéresse notamment à ceux qui vous coincent dès le pas-de-porte non pas en mode service à rendre, mais en mode service rendu. Je ne sais pas quoi répondre à ce nous respectons votre vie privée | j’accepte. … Merci bien ?
Alors souvent, je clique sur la croix sans même vouloir en savoir plus de ce plus qui me dépasse. À vrai dire, dans ce non choix, j’aimerais autant ne pas avoir ne serait-ce que l’idée de tout ce que je n’imagine même pas et qui empiète déjà sur mon intégrité. Celle-là même que visiblement je n’accepte pas que l'on respecte en poursuivant mon chemin. C’est ça que ça dit, c’est ça que ça fait dire finalement...
Le truc c’est que je n’ai ni l’envie, ni ne saurais paramétrer ma vie privée en cherchant les horaires de la piscine confortablement installée dans cet espace privé qui est, chez moi.
On m’aura prévenu.
Au même temps que l’on me prévient, sur un ton qui se veut prévenant, on m’aura prévenu.
En tout cas, je ne peux m’empêcher de penser - et d’essayer de me mettre à la place - aux stratégistes et CR (concepteur-rédacteur) à qui l’on demande de positionner et de rédiger ces quelques lignes et les CTA (call-to-action) qui vont avec, essentiels au recueil des consentements qui font vivre les sites. Faut reconnaitre que ça nécessite d’avoir un sens aigu du service, cette pirouette par laquelle tout semble passer aujourd’hui.
J’ai rédigé d’autres demandes de consentement. Des opt-in pour des fonctionnalités sur-mesure, des flux de contenus personnalisés, des alertes pour des bons-plans, des choix de périodicités de supports et de formats, des adhésions à des programmes CRM (Customer Relationship Management), etc. En gros, pour tout ce qui a trait à la relation client et qui nécessite à un moment donné de collecter des données pour mieux répondre à vos besoins et envies. À chaque fois, cela me semblait simple à rédiger car j’étais en mesure de décrire le service ou l’outil à promouvoir, et surtout, il n’y avait pas d’obligation pour l’utilisateur. Il fallait concevoir (réflexion à laquelle je participe la plupart du temps) et proposer quelque chose de suffisamment intéressant et utile, donnant au moins envie de tester. Pour tout cela, j’aime à croire qu’il y a un petit espace d’autonomie avec une réelle contrepartie au oui, et aucune dégradation au non. Ou ça me rassure de penser ça, peut-être.
Revenant aux formulaires de la loi RGPD. Même si cela ne change rien in fine, quitte à choisir la forme et la manière : au respect de ma vie privée je préfère nettement l’histoire des cookies, directement. Elle (s’)exécute en revêtant une couche technique, pour information, qui m’agresse moins. Au moins ça s’il vous plaît.
Et aux j’accepte, j’ai compris, d’accord ! et autres consentements qui ne disent pas la même chose mais c’est kif-kif, je préfère le petit ok à l’arraché, pour la forme. Et clairement sans la première personne concernée. Vu et déjà que, faites sans je.